DERRIERE LA PAROLE…
DES TABLEAUX D’UNE EXPOSITION

Projet de Fusion des Tableaux d’une exposition à une certaine poésie russe

par le compositeur Joel Merah

pour piano, flûte, clarinette, violon, violoncelle … et mezzo-soprano!

Mezzo-soprano : Caroline Gesret

Violon : Ann-Estelle Médouze

Violoncelle : Valérie Aimard

Clarinette : François Miquel

Piano : Jean-Sébastien Dureau

Le compositeur français Joël Mérah a eu la folle et brillante idée d’une relecture des Tableaux d’une exposition, qui donne naissance à un nouveau cycle de mélodie russe avec ensemble de chambre, créant une partie vocale et joignant un poème à chaque scène de cette œuvre emplie de mystère. Composés par Moussorgsky après la mort prématurée de son ami peintre et architecte Victor Hartmann, dans l’émotion de l’exposition rétrospective qui lui a été consacrée à St Petersbourg en 1874, ces « tableaux » contiennent bien sur un aspect visuel très développé, mais recèlent aussi un aspect cyclique et narratif : dans les Promenades qui ponctuent la pièce, entre chaque tableau, Moussorgsky se peint comme vu d’en haut, hors de lui-même…

Les Catacombes, Cum Mortuis in lingua mortua, La grande porte de Kiev, se réfèrent bien sur à un tableau d’Hartmann, mais semblent aussi contenir un aspect métaphysique, presque autobiogra- phique et troublant. La modernité du langage, de la forme donne à cette œuvre pour piano seul une énorme potentialité qui a attiré nombreux compositeurs : évidemment Ravel avec sa superbe orchestration révèlant véritablement la richesse de l’œuvre, mais aussi Michail Touchmalov, Henry Wood, Elgar Howart pour les versions orchestrales… et quantité d’arrangements, de la guitare seule au rock progressif, en passant par Michael Jackson… mais jamais un compositeur n’y avait invité la voix ni le verbe.

La singularité et l’instinct formidable de la démarche de Joël Mérah est d’avoir associé l’aspect visuel, presque cinématographique de l’œuvre à un aspect littéraire et poétique, omniprésent dans le reste de l’œuvre de Moussorgski qui dédia sa vie à l’opéra, et rêvait de saisir « l’art du parler humain, avec ses nuances les plus fines ».

La ligne vocale paraît d’une évidence complète, merveilleusement équilibrée avec l’orchestration, et c’est tout naturellement que les poèmes de Pouchkine, Anna Akhmatova, Nicolas Nekrassov, Aloy- sius Bertrand, Nikolay Gumilev ou Colette viennent rejoindre les tableaux d’Hartmann, la musique de Moussorgski et le langage de Joël Mérah, dans une certaine vision globale de l’Art.