Aphorisme 1 pour piano comme prélude
La lumière le silence (Eluard)
pour voix, piano, flûte, clarinette, violon, violoncelle
Aphorisme 5 pour piano comme interlude
Pierre I (Bonnefoy)
pour voix, piano, violoncelle, percussions
Aphorismes pour violoncelle
Pierre II (Bonnefoy)
pour voix, piano, violoncelle, percussions
Trois chansons d’après Dowland
pour voix, piano, flûte, clarinette, violon, violoncelle
Aphorisme 3 pour piano
Un feu va devant nous
Othman LOUATI
Des cycles pour voix et ensemble jalonnés par des miniatures instrumentales.
Ce programme de concert et d’enregistrement est d’abord pensé comme une trajectoire reliant trois cycles de mélodies pour voix et ensemble d’après des poèmes d’Yves Bonnefoy et Paul Eluard. Ce triptyque est jalonné par la présence d’aphorismes, courtes pièces instrumentales qui ont pour vocation de baliser l’écoute en la plongeant au coeur d’une poétique pour instrument seul.
Loin du foisonnement chambriste qui s’écoule au sein des cycles précédemment cités, chaque aphorisme est un fragment – transposition directe des Pierres, courts poèmes de Bonnefoy, qui explore une autre temporalité, un autre lieu et de surcroît un envers des mondes peints ou appelés par Eluard et Bonnefoy.
Enfin, le choix de Dowland est bien plus qu’un hors-d’oeuvre final aux allures de cake anglais. D’une part, ce cycle est écrit pour la même formation instrumentale que le cycle Eluard : on retrouvera donc, cette fois associées à la langue anglaise, des associations de timbres de la même essence que celles précédemment entendues à l’ouverture du programme. De l’autre, les textes de Dowland écument avec une certaine mélancolie le thème de la finitude, motif ô combien présent dans la poésie d’Yves Bonnefoy.
De pièce en pièce, l’oscillation systématique entre l’instrument seul et l’ensemble pour musique de chambre dessine une grande forme responsoriale à l’échelle du programme entier.
Dans les cycles sur Bonnefoy se dégage une porosité entre la configuration traditionnelle voix et ensemble et celle d’un quatuor constitué de deux binômes : voix-violoncelle et piano-percussion. Cette porosité permet de renouveler l’alchimie instrumentale et l’exergue des mots à travers leur sonorité et leur résonances.
Les pièces écrites d’après Dowland et Eluard bénéficient quant à elles d’un écrin plus foisonnant, la voix soliste peut donc se lover dans un écrin plus épais, dans des lacs plus profonds. Alors que les cycles de Bonnefoy sont toujours à l’endroit du seuil, à la merci du silence, ceux de Eluard et de Dowland naviguent sur une eau abondante, plus prompte à porter le rêve surréaliste et les grandes résonances du luth renaissant, transfiguré ici en un grand archiluth moderne pour six instruments.